Tout savoir sur l'Ostéoporose
Depuis 2016, le Docteur Philippe Halbout dirige l’IOF (International Osteoporosis Foundation), organisation non gouvernementale la plus influente au niveau mondial sur cette maladie, dont la stratégie, déclinée en opérations implémentées dans différents pays, se déploie en plusieurs axes : recherche, éducation des médecins, amélioration de la prise en charge, plaidoyer, accompagnement dans la mise en place de politiques et recommandations.
Qu’est ce que l’Ostéoporose ?
Philippe Halbout : Contrairement à une idée largement répandue, l’ostéoporose ne constitue pas une conséquence inéluctable du vieillissement. Il s’agit d’une maladie qui fragilise le capital osseux, entrainant une porosité des os et par voie de conséquence un risque accru de fractures. Sauf cas exceptionnel, l’ostéoporose se déclare aux environs de la cinquantaine, lorsque la perte de masse osseuse commence, et s’accélère chez les femmes après la ménopause (seul un patient sur 5 est un homme). Au niveau mondial, l’ostéoporose est responsable de 8,9 millions de fractures, soit 1 fracture toutes les 3 secondes. La France suit cette tendance avec 484 000 fractures de fragilité enregistrées en 2019, ce qui représente 1 325 fractures par jour et 55 fractures par heure.
Si la prise en charge reste inchangée et du fait de l’accroissement du nombre de seniors, une augmentation de 26% serait à prévoir d’ici à 2034, avec plus de 600 000 fractures annuelles prévues.
Quelles sont les conséquences de la maladie ?
Phillipe Halbout: Souvent silencieuse pendant de nombreuses années, l’ostéoporose ne devient perceptible que lorsque survient un évènement, le plus souvent une chute de faible énergie, se traduisant alors par une conséquence clinique : la fracture.
Cette première fracture est souvent traitée de manière isolée, le lien n’est que très rarement établi avec une potentielle ostéoporose, et pourtant elle amorce souvent par la suite une cascade fracturaire, dont les conséquences peuvent parfois être très graves : baisse importante de la mobilité et basculement dans la dépendance. L’ostéoporose entraîne des fractures sévères : vertébrales, au niveau de la hanche entre autres, ce qui impacte indirectement l’espérance de vie des patients. En effet, 33% des patients victimes d’une fracture de la hanche sont totalement dépendants ou placés dans une maison de retraite dans l’année qui suit la fracture. Jusqu’à 20-24% des patients décèdent dans l’année. En France, le nombre de décès liés aux fractures est comparable ou supérieur à certaines des causes de décès les plus courantes telles que le cancer du poumon, le diabète, les maladies chroniques des voies respiratoires inférieures, les accidents vasculaires cérébraux et les maladies cardio-vasculaires.
Conseil Santé:
– Un exercice physique régulier (la marche, la randonnée, le Pilate, le jogging, la danse, la musculation, le tennis ou encore le yoga)
– Une alimentation saine, comportant les nutriments essentiels à une bonne santé osseuse : (calcium – au moins 1000 mg par jour, protéines – entre 60 et 80g par jour, vitamine K, magnésium, zinc, vitamine D)
– Ne pas fumer et limiter l’alcool
S’agit il d’un enjeu de santé réservé aux seniors ?
Philippe Halbout: L’ostéoporose est un processus qui dégrade l’os au cours du temps, et accroit donc progressivement le risque de fracture avec l’avancée en âge. Néanmoins, de plus en plus de patients jeunes, âgés d’une trentaine d’années, sont atteints par cette pathologie, fragilisés par une alimentation non équilibrée, des carences en protéines ou l’adoption de comportements non favorables pour la santé (absence d’exercice physique, tabac, alcool, …).
Comment traiter et prévenir l’ostéoporose ?
Philippe Halbout : Actuellement, les actions de prévention se limitent à l’élément déclencheur de la maladie, c’est-à-dire la chute, en excluant les autres axes de prévention potentiels, notamment sur les patients à risque.
Pour savoir si vous êtes à risque, l’IOF a développé un outil digital très simple : Osteoporosis Risk Check, un court questionnaire qui, basé sur votre âge, votre historique de fracture, votre IMC, et vos antécédents médicaux vous aidera à déterminer si vous présentez des risques d’ostéoporose. (Pour effectuer le test, rendez-vous sur : https://bit.ly/fondationosteoporose)
Pour prévenir l’ostéoporose, il est important de maintenir le capital de masse osseuse que l’on a construit, et cela en adoptant un mode de vie sain dès le plus jeune âge, via : Par ailleurs, le diagnostic est posé grâce à l’analyse de la densité minérale osseuse, examen réalisé par un radiologue. En dessous d’un certain score, le risque de fracture est considérablement accru. Ce dépistage doit être renforcé, avec l’appui des médecins généralistes notamment via une prescription systématique à la ménopause, de manière à prévenir la première fracture et mettre en place un traitement. Aujourd’hui, 80% des patients seraient éligibles à un traitement mais n’en bénéficient pas de façon effective. Une prise en charge optimisée passe aussi par la sensibilisation de la population. Parlez-en à votre médecin et demandez-lui à passer un examen de mesure de votre densité osseuse ! Autre axe à améliorer : la prise en charge lors de la fracture primaire, qui doit être pluridisciplinaire, afin de prévenir la récidive. Enfin, il est temps que les politiques de santé considèrent l’ostéoporose comme une priorité de santé publique, afin que les patients bénéficient d’un traitement le plus tôt possible, pour prévenir ainsi le risque de fracture secondaire.
votre mag'